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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/321

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l’autre l’Espagne, si bien postés qu’ils avaient pour se défendre la triple chaîne des Pyrénées. On peut le dire, leurs cloîtres étaient des camps. Disséminés sur toute la surface du royaume, ces prêtres conquérans semblaient en avoir pris possession. Actifs derrière leurs tranquilles murs ; rangés sous un chef qui, à travers les monts, les forêts et les villes, imposait à l’obéissance de tous la volonté d’un seul ; correspondant entre eux, à travers les airs, par le langage de leurs clochers ; maîtres des contrées où leurs églises avaient des ponts-levis et des créneaux, imprimant le respect par la croix d’écarlate qu’ils portaient sur leur poitrine, la crainte par le glaive d’acier qui pendait à leur côté, ils pouvaient, à leur gré, lâcher ou retenir les flots populaires, puisqu’ils avaient dans leurs mains tout ce qui agit sur l’homme : le fer qui frappe, la religion qui subjugue. Alors les armées n’étaient pas permanentes, alors chaque village n’avait pas sa caserne. Avant qu’un roi de France eût, par ses hérauts, fait sonner la trompette à la porte des castels ; avant que les barons, sujets souve-