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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/328

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elle coule sur un terrain irrégulier qui, se pliant à tous ses caprices, lui permet de se diviser en une foule de petits torrens assez paisibles ; mais lorsque l’orage vient à les gonfler, ils se rapprochent, se touchent, se mêlent, au point de ne plus offrir qu’un lac semé de petits monticules, à demi-submergés, à demi-couverts de gazon, laissant pointer leurs têtes vertes au-dessus de l’eau comme autant d’émeraudes sur une nappe d’argent. Enfin ce lac qui grossit toujours, qui s’étend, qui inonde ses rives, devient furieux ; moment terrible ! la Durance heurte le pont de quarante-sept arches, construit pour réunir le Comtat à la Provence ; ébranle les piliers sans pouvoir les abattre ; elle fuit irritée que le génie de l’homme ait pu la vaincre, confuse au point de ne vouloir plus de son nom qu’elle perd en se joignant au Rhône. C’est en allant toucher ce fleuve qu’elle passe près d’Avignon, qui, des terrasses de Bonpas, laisse apercevoir son palais et ses remparts.

De l’autre côté du Rhône, mais dans une direction plus rapprochée de la Chartreuse,