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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/331

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regardait aussi, mais non pas la Chartreuse.

Napoléon était allé dans les fossés boueux d’Austerlitz donner audience au souverain impérial d’Autriche, de Bohême et de Hongrie ; il avait mandé dans un radeau sur le Niémen le czar de la vieille Moscovie. Le garde alors aurait bien voulu voir cet homme dont l’épée miraculeuse opérait tant de prodiges. Mais comment suivre le conquérant aux fossés d’Austerlitz, au radeau du Niémen, lui, pauvre garde, dont la vie est attachée au pont, et qui, en fait de grands événemens, ne voit que la Durance couler ? Patience, les choses de ce monde coulent aussi ; voilà le flot qui lut amène Napoléon ; il peut l’examiner tout à son aise, sans qu’il ait à se déranger d’un seul pas.

J’ai parlé à ce garde empressé de me dire : Je l’ai vu ; son instinct grossier lui faisant sentir que c’était quelque chose de l’avoir vu, et moi de lui demander s’il avait surpris sur son front quelques unes de ses pensées. Le garde, sans me comprendre, me répondit : « Il était pâle. — Ne dit-il rien ? — Oh ! que oui, quelques mots ; mon fils, qui était