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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/332

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ce jour-là avec moi, les a écrits sur mon registre. Mon fils sait écrire. Arrivé de Paris, il s’était battu sur la butte Saint-Chaumont, où les Cosaques le blessèrent ; l’empereur vit son bras en écharpe et l’embrassa.

J’étais plus pressé de connaître les paroles de Napoléon que d’écouter le bavardage de ce garde ; je le priai de me montrer sans retard son registre. J’y lus :

« Dans un autre siècle, un caprice du destin m’aurait peut-être jeté dans ce cloître : là encore je me serais fait une place. Le catholicisme remuait alors le monde ; toutes ces aggrégations de moines étaient autant de régimens ; on pouvait en devenir le chef. »

Un an écoulé, il reparut devant la forêt de Soignies, où son épée se brisa ; puis il alla s’engloutir à Sainte-Hélène, d’où il ne sortit plus, quoiqu’il eût invoqué, en forme de prédiction, le souvenir de Marius s’échappant de ses marais pour rentrer dans Rome étonnée ; il est vrai que les marais de Napoléon avaient toute l’immensité de l’Océan : il fallait bien qu’ils fussent vastes comme son génie.