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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/339

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le tenant quitte de tout le reste. Vainement tu caches ton origine, on la soupçonne, on la comprend. Le ciel t’a prêtée à la terre, où ton existence ne sera que le moment d’un songe béni. Non, le sang de l’homme ne remplit pas tes veines d’une vie semblable à la nôtre ; une essence plus pure les colore d’un bleu céleste, et les fait serpenter sur ton front de neige, pour aller se perdre sous l’éclat de tes noirs cheveux. Cette haleine embaumée peut-elle sortir du sein d’une créature condamnée à mourir ? Quand tu cours à travers les ruines, on dirait ces flammes amantes des vieux monumens sur lesquels, la nuit, elles voltigent. Ici de toute part l’œil découvre des pierres muettes, dispersées ; mais voilà qu’au milieu de ces pierres, de ce silence, de cette destruction, tu t’élances soudain, toi, jeune fille, pleine de mouvement et de vie. Que t’importent ces conquérans qui, au bruit de leurs pas, dispersent les nations, et font de la gloire une tempête, pour que leur corps soit jeté par elle au milieu des mers, comme un navire brisé ? que