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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/340

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t’importent ces têtes brûlantes, qui ne rencontrent dans la faculté de penser avec force qu’un malheur de plus donné à l’homme, et qui, supérieurs aux autres, se trouvent exilés dans la solitude de leur génie ? Chante un joyeux refrain, fille d’innocence, et laisse le conquérant passer et le rêveur s’éteindre. Promène ta vue sur la Durance, couverte comme par magie, pour le plaisir de tes yeux, d’un groupes d’îles presque fantastiques, toutes voilées de feuillage, toutes parfumées de l’encens des fleurs, toutes favorisées de la splendeur du soleil et de la fraîcheur des eaux. Écoute la cloche de Saint-Andiol ; à son bruit dans les airs, mets ton voile blanc pour aller, toute rayonnante de candeur, soupirer, avec tes jeunes amies les cantiques divins. Ou bien encore, par une belle matinée du mois de juin, lorsque les campagnes fidèles célèbrent la fête de Dieu même, qu’on te voie à côté de la bannière, mêlée aux lévites, perdue dans un nuage d’encens ; qu’on te voie avec la procession sainte t’avancer vers le hameau des Baumettes, où la chapelle brillante d’or et