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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/39

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du roi doit être vieux, voilà une succession à recueillir. — Prenez garde, il y aura foule ; chacun se croira des droits à l’héritage. — Oui ; mais si son frère le général l’appuie de son crédit, le roi pourra-t-il refuser ? Que vous en semble ? Je place assez bien mes enfans dans ce monde. »

« Je fus d’abord tenté de rire à cette nouvelle chimère de Gavino ; j’aimai mieux toutefois le laisser doucement rêver. Je fis plus : je me mis à rêver avec lui.

« Gavino se hâta. Ses deux fils étant sortis du collège, leur départ se fit avec solennité. Après un banquet d’adieu auquel j’avais pris place, Gavino dit gravement à ses fils : « Enfans, prêtez-moi toute votre attention. J’ai passé ma vie sans rien faire, à quoi Dieu m’a aidé. J’ai mangé mon revenu, j’ai aussi mangé mon capital que j’ai considéré comme une rente plus large ; il m’a donc fallu vous donner une éducation pour remplacer votre patrimoine ; je veux aussi vous ouvrir une carrière. Vous travaillerez beaucoup sans doute ; mais vos enfans feront comme moi, ils se reposeront. Partez donc,