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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/397

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lard qui, pour charmer ses petits-fils, leur lira sur ses bords Anacharsis.

La solennité commence.

D’abord la foule est bruyante, puis attentive. Des magistrats ont pris la parole, fiers de présider à cette fête de famille où la parenté vient du titre même de citoyen. Ils décernent le triomphe à celui qui rassembla les débris épars de la Grèce intelligente, rendit aux échos du Lycée les douces maximes de la philosophie, évoqua Démosthènes, remit le glaive aux mains de Miltiade, et, s’inspirant à la lyre de Sapho, ralluma l’amour de Périclès aux banquets d’Aspasie.

Le héros de cette journée doit être, en effet, pour les murs qui le virent naître, une double source de souvenirs ; car, s’il appartient par sa naissance aux temps modernes, son savoir le donne à l’antiquité ; et si ses concitoyens ont droit de se le représenter enfant sous les ombrages de la ville natale, l’Europe littéraire se le figure comme l’un de ces vieillards qui, sortis du port de Phalère, allaient vers les légions lointaines chercher la science et la sagesse.