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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/398

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Les harangues achevées, le bruit de la foule répond, les cloches s’ébranlent, le canon frappe les airs, le peuple se presse autour du monument ; il semble se contempler lui-même dans ces traits si fidèlement reproduits, et chez lui la joie d’une pareille apothéose est un élan d’orgueil.

Qui pourrait peindre une fête nationale dans tous ses détails ? Qui pourrait compter les cris de tout un peuple ? Dès que les magistrats ont fini l’éloge public, la voix d’un seul est remplacée par des milliers de voix, et, quand il disparaît au milieu des applaudissemens, la multitude enivrée se met en fonctions à son tour, et, se faisant une magistrature à elle-même, elle trouve spontanément de vives paroles pour redire de nouveau et à sa manière les faits qui déjà viennent d’être racontés.

Voilà ce qui se passait dans la ville d’Aubagne, impatiente de prendre possession de la gloire d’un de ses fils, pour qu’on ne vienne pas lui disputer un jour l’honneur de l’avoir vu naître.