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retentit une seconde fois de bruyans transports. Peuple, vous avez raison ; il n’y a vraiment que la reconnaissance nationale qui sauve un nom de l’oubli. C’est là le plus difficile de la gloire, et non les chants de Pindare, et non les pyramides qui pèsent sur un cadavre royal et sans nom ; le plus difficile de la gloire, ce sont les larmes d’une population en deuil, ce sont les fleurs que l’on dépose sur la pierre tumulaire ; c’est, en un mot, cette sympathie affectueuse d’une nation pour son concitoyen qui n’est plus.

Le plus difficile surtout de cette gloire impérissable, c’est le souvenir plus froid et plus méthodique des vieillards, c’est le récit gravement animé d’une vie qui fut utile et belle. Ces souvenirs s’étaient vivement réveillés, et les récits du soir les avaient exaltés jusqu’à l’enthousiasme.

Vous avez vu la fin du jour sous le ciel pur de la Provence, vous avez respiré les fleurs parfumées de l’oranger. Cette chaleur d’une terre toute poétique est si pressante, qu’elle devient irrésistible. Aussi, quand la nuit eut rassemblé les vieillards, ils se regardèrent