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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/404

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grandiose et le vrai. Dorat effaçait La Fontaine, Marmontel balançait Despréaux, le larmoyant Lachaussée avait usurpé la scène où Molière n’était plus qu’un roi dépossédé. Le scepticisme de Voltaire avait envahi l’histoire. La délicieuse mélancolie de Jean-Jacques Rousseau était sur le point de se retirer devant le génie sombre des Anglais, devant les méditations vaporeuses des Allemands : nous n’étions pas loin du suicide de Werther, nous avions déjà les sépulcres d’Young. Aussi, dans cette ville encombrée de petits vers, de petits hommes, de petits écrits ; au milieu de tout ce luxe ambigu des palais déjà moins rians de Louis XV, où des bouquets à Chloris donnaient le ministère, on peut dire avec assurance que l’ennui était partout : au théâtre et dans la chaire, à la ville et à la cour ; partout augmenté par ce malaise général qui annonce toujours que les dieux s’en vont.

« Vous comprenez que tout imbu qu’il était de nos simples mœurs provençales, et pénétré de cette idée que le beau n’est jamais séparé de l’honnête, que l’utile n’existe pas sans le