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bon, notre jeune concitoyen dut reculer au premier abord devant cette gloire bâtarde. »

Ici le même vieillard qui m’avait donné la parole me la retira. « Tu fais bien, me dit-il, de nous peindre les temps où vécut Barthélémy. C’est une bonne règle de ne pas détacher de son siècle l’homme qu’on veut juger. Ainsi l’on apprécie ce que le siècle et l’homme se sont mutuellement prêté. Barthélémy n’a rien à rendre à son époque, il ne lui doit rien. Il eut le bonheur d’échapper pur à ses fatales séductions.

« Mais pourquoi nous montrer si vite Barthélémy à trente ans, homme déjà ? Son enfance, sa jeunesse, ses travaux, sont également nos biens ; d’ailleurs cette génération, qui près de nous croît et nous chasse, est avide d’entendre jusqu’aux moindres détails d’une vie assez belle pour offrir tout à la fois un cours d’étude et de morale. Laissons-lui ces souvenirs pour qu’elle les laisse à son tour. Les souvenirs sont aussi un patrimoine ; par eux se perpétue la vie de l’intelligence humaine. Mais ce soin nous regarde ; je vais parler à ta place. Je conduirai Bar-