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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/422

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l’on doit en faire plus tard, se demandaient avec inquiétude si quelque œuvre ne s’échapperait pas enfin de tant de veilles ; si ce gigantesque savoir ne prendrait pas enfin assez de belles formes pour être saisi en un clin d’œil comme un monument antique. Quand on n’avait rien à répondre, on se regardait avec regret ; car, il faut le dire, cette société encore élégante, quoique égarée, savante encore, quoique corrompue, se fatiguait de tant de mauvais poëtes, de tant de frivoles écrivains, et voulait, avant d’aller se perdre dans l’abîme commun où s’engloutissent les siècles, pouvoir attacher son nom à quelque belle pensée d’un homme de génie qui, par la date même de son livre et la pureté de sa vie, devînt pour son époque comme une expiation prématurée.

« Voici donc que lentement se prépare, lentement s’élève, lentement s’achève le monument du Voyage d’Anacharsis. À la première annonce de cette nouvelle, l’attention nationale, si dominée par les premiers accens de Mirabeau, se porte tout entière sur cet ouvrage. Il paraît, on le lit et l’on s’étonne