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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/426

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harmonieux, tout est là. L’auteur d’Anacharsis a tout vu : son imagination a des yeux ; tout deviné : son génie a refait un peuple. Par sa pensée c’est un sage ; par ses chants, un poëte ; par ses paroles, un orateur. Grand écrivain ! et tout cela tu le produisais à l’approche d’un temps où, jeté dans les fers, on te destinait la mort d’André Chénier, pour que la hache frappât à la fois toutes les renommées et tous les âges !

« Ici l’éloge de tout autre serait achevé ; le sien commence. Autant la vertu l’emporte sur le savoir, autant son caractère surpasse ses ouvrages.

« Oubliez donc, c’est un service à lui rendre, oubliez sa vaste érudition et ses voyages, et sa haute critique ; le cabinet du roi devenu si riche, que le gardien se qualifiait lui-même de trésorier de l’antiquité ; quatre cent mille médailles jugées avec un goût exquis ; vingt mémoires lus à l’Académie des inscriptions en même temps qu’un grand nombre de dissertations étaient adressés au Journal des Savans ; cinquante ans de correspondance avec les hommes de l’Europe les