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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/436

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Tout à coup le ciel paraît descendre ; il s’ouvre en se retirant comme un livre que l’on déroule. Un palais, dont les colonnes posent sur des nuages dorés et flottans çà et là, s’élève dans toute sa splendeur, dans toute son immensité. De longues galeries sont peuplées de vieillards aux visages encore jeunes, et de jeunes hommes aux cheveux déjà blanchis. Leurs traits étaient célestes ; sur leur front, néanmoins, se peignait quelque chose d’humain qui faisait assez connaître qu’ils avaient passé par la terre. On aurait dit de belles statues à moitié animées. Mon ravissement redoubla : une voix forte, qui partait d’un corps invisible, me nomma tous ces hommes ; ce musée vivant n’eut plus de mystères. Je voyais là tout ce qu’a produit d’illustre la Provence et les villes voisines de sa frontière. Heureuse patrie ! que de grands noms ! guerriers, orateurs, poëtes, historiens, citoyens avant tout, gens de renommée et de courage, et de style et de génie, et de noble sang et d’enthousiasme, dont l’aspect attendrit le regard et fait battre le cœur !