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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/87

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les pieds font voler les cailloux et les étincelles. Les narines gonflées, bouillant, impétueux, majestueusement animé, fier et beau de la frayeur qu’il inspire, il va sans qu’on ait besoin de le diriger. Egbert ne songe qu’à s’ouvrir une vaste arène pavée de cadavres, et dans laquelle il puisse combattre à l’aise. Qu’on le fuie ou qu’on lui résiste, tout est également exterminé. Ceux-ci attendent la mort, elle va chercher les autres, c’est toute la différence. Les javelots ennemis se brisent sur son bouclier fort comme les murs d’une citadelle ; cependant, tandis que du bouclier il couvre sa tête, un seul de ces javelots le frappe au-dessus du genou. Le trait pénètre, effleure les chairs, le sang coule ; Egbert n’y prend pas garde. Mais un cri de douleur, un cri qui épouvante les deux armées s’échappe de sa large poitrine, lorsqu’une flèche vient atteindre le flanc de son cheval bien-aimé. Le cheval se cabre, furieux il bondit ; mais aussitôt, comme s’il sentait sa blessure mortelle, il raidit ses jarrets pour ne pas tomber, pour que son maître, pour que son roi ne soit