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Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/42

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Je ne sais pourquoi je pensai à Sandrine et à son Jacques et je répondis nettement encore.

— Non, madame.

Mais au même instant ma pensée me montra un vieux visage affectueux et je me repris à mon tour :

— Si, pourtant, il y a Mlle Hlerminie qui m’aime.

Et devant l’attention de Mme Dalignac, je me hâtai d’expliquer :

— C’est une très vieille voisine à qui je rends quelques petits services et qui me récompense en me racontant des histoires.

Mme Dalignac sourit avec satisfaction :

— Vous avez là une bonne grand’mère ?

La vérité était si différente que je répliquai aussitôt :

— Oh ! non, elle est bien plutôt mon petit enfant.

Un silence se fit, puis, comme si Mme Dalignac avait de la peine à le supporter, elle leva la tête et nos yeux se rencontrèrent. Les siens se baissèrent les premiers, mais il me sembla qu’ils avaient la même expression que ceux de Sandrine et qu’ils venaient aussi de m’offrir quelque chose.

Le patron revint vers le milieu de la matinée. Il ramenait Sandrine qu’il avait rencontrée dans une allée du cimetière. Elle était essoufflée, et ses vêtements gardaient une odeur de terre humide. Elle s’assit en disant d’un air las :

— Les tombes sont toutes trempées de pluie.