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Page:Audoux - L Atelier de Marie Claire.djvu/43

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Mme Dalignac la gronda doucement :

— Puisque vous êtes malade, vous n’auriez pas dû sortir par ce vilain temps.

Sandrine se récria :

— Mais je ne suis pas malade. Je suis seulement enrhumée.

Et ses yeux noirs avaient comme une inquiétude quand elle répéta :

— Je ne suis pas malade, je vous assure.

Mme Dalignac lui sourit pour la rassurer :

— Nous le savons bien, dit-elle, mais vous auriez pu aller au cimetière un autre jour.

Elle ajouta comme si elle n’attachait aucune importance à tout cela :

— Les cimetières ne s’envolent pas, et les morts ont le temps d’attendre.

Sandrine dit presque aussitôt :

— Demain, je reviens travailler.

Elle voulut dire autre chose, mais sa voix devint rauque avant qu’elle n’eût achevé le premier mot, et elle fut prise d’une quinte de toux.

Elle toussait par à-coups avec une sorte d’impatience. Elle aspirait fortement et faisait de violents efforts pour tâcher d’arracher de sa poitrine une chose qui paraissait y avoir pris de profondes racines. Sa toux avait toujours les mêmes sons creux et fêlés, mais aujourd’hui elle semblait remuer une chose épaisse et mouvante qui restait accrochée au fond.

Elle fut obligée de s’asseoir, son visage devint tout blanc, et la sueur lui coula sur le front.