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Page:Audoux - La Fiancee.djvu/115

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Quand le soir s’annonça, il lui fallut bien se décider à prendre le chemin du retour. Le soleil, las sans doute d’avoir tant éclairé la montagne, s’en éloignait et passait de l’autre côté pour aller se coucher. Valserine ne put s’empêcher de frissonner en le voyant si rouge. Il passa entre des nuages longs comme des arbres coupés, sur lesquels il laissa des taches qui ressemblaient à du sang, et il entra dans un gros nuage sombre qui semblait l’attendre pour l’envelopper comme d’une chaude couverture de laine. Mais, pour lui, l’heure du repos n’était pas venue encore, sans doute, car, presque aussitôt, il déchira la couverture en deux et s’en échappa. Puis il se montra arrondi seulement par le haut, ainsi que l’était la porte des douaniers de Mijoux, et après avoir taché de rouge tout ce qui l’entourait, il s’enfonça dans le noir et disparut. Au passage de Valserine de jeunes corneilles criaient en regagnant leur nid. Et un oiseau, qui semblait la suivre, voletait d’un arbre à l’autre en faisant entendre un bruit semblable à des ciseaux que l’on ouvre et ferme sans rien couper.