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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/148

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dépendance du sauvage, voilà de quoi sont faits les préjugés contre lesquels nous avons encore à lutter… »

Le général Galliéni, dans ses rapports au ministre des colonies, faisait siennes les conclusions de M. Benevent, attribuant la révolte à la mentalité sauvage des indigènes.

M. Benevent, ainsi que beaucoup d’administrateurs civils et militaires, avait un grave intérêt à maintenir le gouverneur général dans cette opinion et à laver les autorités locales de certaines accusations, comme celles d’avoir commis des abus d’autorité. Dès l’abord il avait invoqué l’augmentation de l’impôt ; à cette thèse rejetée par Tananarive, il avait renoncé et choisi celle de la mentalité indigène.

Il fallait avant tout que le gouverneur général ne prît pas au sérieux les allégations graves d’un journal de Tamatave, la Dépêche de Madagascar, sur les agissements de Vinay et de Choppy. Ce journal était dirigé par un Mauricien, qui avait pris une attitude résolument indigénophile. Il critiquait avec vigueur, et parfois avec la maladresse des coloniaux improvisés journalistes, les actes du gouverneur général. Comme beaucoup de militaires, le général Galliéni était très sensible aux attaques de la presse et les journalistes de ce temps, dont la valeur morale était égale à la valeur professionnelle, surent exploiter souvent à leur profit cette susceptibilité du gouverneur général. On vit plus d’une fois les campagnes de presse cesser brusquement… un journaliste avait été satisfait.

Le général Galliéni jugeait tous les journalistes à la lumière de ces expériences. Gimel, homme de couleur, directeur de la Dépêche de Madagascar,