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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/173

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pas parmi ceux mis en fourrière, il l’achetait… au prix fixé par lui. À cette époque, dans la région, un bœuf valait 60 à 70 francs. Quand les troupes s’emparèrent du repaire de Papanga, abandonné par Kotavy, entre autres objets ayant appartenu à Vinay, elles trouvèrent son carnet de dépenses. Écrite de sa main y figurait cette mention : un bœuf acheté 3 francs.

Pour amener les villages retardataires à payer leurs taxes sur les rizières et les bœufs, Vinay les oblige à venir à Amparihy vendre du riz et des bœufs aux miliciens qui les achèteront volontiers… on devine si le prix en fut librement débattu entre vendeurs et acheteurs !

On pourrait ajouter d’autres faits semblables, multiplier les exemples d’excès de pouvoir en matière de recouvrement d’impôt, ou de police ; on doit ajouter, comme causes de la révolte, les réquisitions excessives de travailleurs.

La création de routes imposa aux populations de lourdes charges dans toute la province de Farafangana. À ces travaux de viabilité, prescrits par l’autorité supérieure, se superposèrent ceux de tous genres dus à l’initiative des chefs de district et de poste. En 1900 les prestations avaient été supprimées et les travailleurs indigènes ne devaient plus travailler gratuitement, mais être payés. Les sommes (nous le verrons en examinant les faits survenus dans le district de Midongy) consacrées à la main-d’œuvre étaient dérisoires et il n’en arrivait que poussière aux travailleurs. Les intermédiaires, interprètes, gouverneurs, chefs de village, s’interposaient entre la caisse et les bourjanes. Certain jour, les chefs, n’ayant rien touché, demandent une gratification ; Vinay (let-