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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/183

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L’adjudant Colomer, à Soarano, fait surveiller les travailleurs employés sur la route Antanjobato-Ivolobe par des tirailleurs et partisans connus pour avoir tué, quelques jours auparavant, le chef Berahany.

En mai 1904 également, le capitaine Quinque donne l’ordre au lieutenant Petitjean, chef du sous-district d’Iakora, de faire construire une nouvelle route d’Iakora à Soarano. D’après le devis du capitaine, quatre-vingt travailleurs seront employés pendant un mois ou six semaines et un crédit de 250 francs ouvert à cet effet. Les indigènes devront fournir environ trois mille deux cents journées pour la somme globale de 250 frs : la journée devra donc être payée 10 centimes. Cette ombre de rémunération permettait d’obéir aux prescriptions du gouvernement général, lequel avait supprimé la corvée et ordonné de payer les indigènes occupés aux travaux publics.

Et cette indemnité dérisoire ne fut même pas versée : cent bourjanes furent employés du 14 mai au 8 septembre 1904 ; ils fournirent vingt et un mille journées au lieu des trois mille deux cents prévues. Pendant que l’importance du travail dépassait les prévisions du devis, le crédit alloué était réduit à 100 francs par le capitaine Quinque, alors que l’allocation primitive était de 250 francs. Il revenait donc à chaque bourjane à peu près 5 millimes par jour. Les malheureux ne touchèrent absolument rien, ces 100 francs de crédit ayant à peine suffi à payer des indemnités aux soldats ou caporaux surveillants.

D’avril à juillet 1904, dans le sous-district de Befotaka, le lieutenant Baguet fait construire plus de trois cents kilomètres de route, dites filanjana-