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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/208

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ceux sur lesquels reposait l’autorité de leur grade ? Par cette tournure d’esprit des chefs de poste, s’expliquent les rigueurs exercées contre les indigènes réfractaires à l’impôt, la pluie des journées de prison, l’abus des corvées de portage, de construction des routes.

Le chef isolé, unique Européen dans son poste, manquant d’éducation, de culture, dénué de vie intérieure, initié à l’administration indigène par les enseignements de supérieurs fauteurs d’errements condamnables, abrité de tout témoin dangereux, se transforme aisément en tyran pour peu qu’il y soit poussé par une nature grossière.

Et alors ce ne sont pas seulement de la prison, que pâtissent les indigènes : le chef désorbité torture et tue. Les indigènes qui jugent, à tort, tous les Européens d’après ceux dont ils souffrent, n’osent se plaindre. Le chef coupable ne rend naturellement pas compte de ses actes répréhensibles, et parfois, quand il en avertit un supérieur, ce supérieur ne voulant pas d’affaires ou contemplant son propre passé, garde le renseignement pour lui.

Le général Galliéni fut ainsi laissé dans l’ignorance absolue des agissements de certains agents employés dans la région révoltée. Bien plus, pour certains d’entre eux, les plus coupables, leurs chefs directs proposaient des récompenses et des promotions.

Une dernière critique me sera adressée, j’en suis certain : je serai accusé d’anti-patriotisme ; j’aurai, vis-à-vis de l’étranger, déconsidéré l’œuvre coloniale française.

Cette critique aurait quelque valeur si les pratiques coloniales que j’expose étaient spéciales à