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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/214

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Ce naturel a vu arriver dans son pays des étrangers qui, du jour au lendemain, réclament de l’argent, rare chez lui, imposent des travaux de route, réquisitionnent des porteurs de bagages, des aliments, et ne lui donnent rien en échange. Comment ne verrait-il pas en cet étranger un ennemi, un oppresseur ? En quoi lui paraît-il différent des ennemis séculaires, qui venaient faire razzia de ses cultures, de ses femmes, de ses enfants emmenés en esclavage ?

Oh ! je sais, les colonisateurs européens prétendent avoir rendu aux indigènes des services compensateurs des obligations à eux imposées ; ils leur ont apporté les principes de la civilisation au point de vue moral, l’instruction et l’assistance médicale au point de vue matériel.

Il reste à démontrer dans quelle mesure ces bienfaits matériels : instruction, assistance médicale, ont été réalisés. Quelques chiffres ne sont pas inutiles.

Voici une colonie administrée sous les auspices de la Société des Nations[1] : les indigènes, sur une somme totale de recettes de 7.370.000, versent annuellement 6.000.000 au minimum. Les dépenses de l’assistance médicale s’élèvent, avec celles de l’instruction publique à 893.000 francs ; ce qui représente 1,3 % des impôts versés par les indigènes. Et si l’on veut bien remarquer que assistance publique, instruction ne sont organisées que dans les régions occupées depuis longtemps, considérées comme tranquilles, c’est-à-dire exécutant tout ce qui leur est demandé et prescrit, on concevra que dans les circonscrip-

  1. 1921