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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/219

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à la corvée, ils l’évitaient en prenant la brousse ou en se révoltant ainsi que nous l’avons vu.

Le travail de l’indigène sera volontaire où il n’y aura pas de travail, mais quand l’indigène se met au service du colon, il faut que l’autorité garantisse au travailleur une rémunération raisonnable.

Si, dans nos colonies, s’élèvent constamment des récriminations de colons, se plaignant de la rareté de la main-d’œuvre, de son mauvais rendement, il faut considérer que trop d’entre eux, au début tout au moins de notre occupation, ont tout fait pour démoraliser le travailleur. Des salaires dérisoires, des conditions de travail ne tenant pas compte des mœurs et habitudes du pays, de mauvais traitements, des retenues de salaire, des amendes répétées, réduisant à rien la rémunération du travailleur. Toutes ces vexations firent que l’ouvrier en donnait pour son argent et que, trompé sur sa paye, il trompait à son tour sur son travail.

Au surplus, entre l’Européen et le noir ignorant, traitant pour un travail, la partie n’était pas égale et j’ai vu ceci : Un conducteur des travaux publics chargé de la construction d’une route, traite avec un chef de village à forfait : il s’agissait d’un déblai. Le chef de village, incapable d’estimer le cube de terre à enlever, accepte les propositions du fonctionnaire. Après quinze jours de travail exécuté par les gens de son village, le chef s’aperçoit qu’il n’a pas effectué le quart de sa tâche, que la somme promise est déjà insuffisante pour le labeur accompli ; il abandonne le chantier et le salaire promis. Et le conducteur prétendait forcer le malheureux entrepreneur à exécuter son marché de dupe ! — le gouverneur général s’y opposa.

Au Congo la récolte du caoutchouc, qui fit tant