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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/220

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de victimes, alors que le kilog de la denrée se vendait 10 et 11 francs en Europe, procurait à peine 10 centimes par jour à l’indigène récoltant.

Trop de colons et d’administrateurs ont vu dans l’indigène une main-d’œuvre à peu près gratuite. C’est dans cette conception que nous devons trouver raison, pour la plus grande partie, de l’éloignement de l’indigène à l’égard du travail régulier.

L’administration se doit d’être protectrice des indigènes, en surveillant les tractations des employeurs avec les employés, en établissant des contrats de travail type, et en assurant l’observation des engagements raisonnables consentis par les deux parties.

L’apprivoisement des indigènes, leur ascension vers une civilisation du type de la nôtre, l’habitude du travail créée par des besoins nouveaux ne se réalisent que lentement ; c’est une œuvre de longue haleine. Par la méthode forte, trop généralement employée, on obtient quelques résultats plus rapides, mais ce n’est qu’une apparence. Les mœurs, les actes, les sentiments déterminés par la crainte, inspirés par la force, sont superficiels ; seuls ceux qui résultent du consentement librement donné, sous l’influence d’avantages consciemment ressentis, sont profonds, solides, définitifs.

En fin de compte, là où la manière forte avait échoué, là où, après des apparences de succès, elle avait abouti à des résistances obstinées, se manifestant par la fuite et même par la révolte, comme à Madagascar et en Afrique équatoriale, la méthode de patience et de douceur, substituée à cette manière forte en train d’échouer, a procuré les meilleurs résultats.

Ce que peut être cette méthode de colonisation,