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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/221

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je l’ai exposé dans des Instructions aux lieutenants gouverneurs de l’Afrique équatoriale, instructions que je reproduis ici :

« Les races peuplant l’Afrique Équatoriale Française sont, en majorité, très arriérées. Dans nombre de régions, avant de songer à leur imposer des obligations sociales, dont elles n’ont jamais conçu même une ébauche, l’Administration doit entreprendre une œuvre d’apprivoisement. Des tribus entières, encore à l’heure actuelle, se refusent à entrer en relations avec nous, fuient à la vue d’un Européen, abandonnent leurs villages, leurs cultures.

Dans les circonscriptions où vivent ces apeurés, vous chargerez vos meilleurs collaborateurs de l’administration, les plus haut gradés, ceux qui dans leur carrière ont fait preuve d’une culture générale supérieure, ont fourni des preuves certaines de sang-froid, de jugement, de pondération et d’esprit de suite.

Dans les centres importants, chefs-lieux de colonie par exemple, dans les circonscriptions depuis longtemps en mains, marchant toutes seules, se trouvent, conformément à un usage trop fréquemment suivi, les fonctionnaires les plus expérimentés. C’est une habitude à réformer. Sous la surveillance directe du lieutenant gouverneur, au chef-lieu de la colonie, dans les circonscriptions civilisées, mises au point, un agent moyen est capable d’assurer une bonne administration.

Les postes à confier à l’élite des fonctionnaires sont ceux jugés « mauvais postes », là où l’indigène est réfractaire, là où pour réussir il ne suffit pas d’une activité fiévreuse, mais où il faut de l’expérience, du doigté, la faculté de concevoir et pren-