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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/223

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rouge était signalée, c’était la fuite de toute la population vers la brousse. Quand plusieurs opérations de ce genre s’étaient succédées dans la même région, on conçoit la haine, la terreur dont le blanc et ses agents indigènes étaient devenus l’objet. L’idée de vengeance, parfaitement excusable, hantait le cerveau des indigènes ; l’embuscade menaçait tout agent isolé de l’administration. Un tirailleur ou milicien tombait atteint par quelques flèches. Il fallait punir ce crime, laver l’insulte faite à l’autorité ; une nouvelle répression aveugle, atteignant le plus souvent des innocents, frappait les villages, asiles présumés du coupable. Si quelques-uns de ces dissidents se soumettaient, construisaient un village dans un lieu désigné par l’Administration, la capitation, les prestations étaient immédiatement imposées à ces dissidents d’hier ; singulier moyen de leur faire apprécier les bienfaits de leur soumission !

Là où cette politique a échoué, et il n’en pouvait être autrement, vous vous attacherez à apprivoiser les populations, aujourd’hui plus difficiles, c’est certain, à amener à nous que si aucune occupation n’avait encore été effectuée.

Plus de tournées de police, plus de chasse aux réfractaires, aux dissidents, les armes à la main. Il faut habituer peu à peu les indigènes à notre voisinage, puis à notre contact. Ces tentatives de rapprochement seront toujours poursuivies par un fonctionnaire européen, choisi comme particulièrement apte à ce rôle ; elles ne seront jamais abandonnées à l’action d’indigènes, en particulier de gardes de milice.

Au voisinage, le plus près possible des groupements dissidents, vous établirez des postes com-