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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/224

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mandés par un Européen. Au début, pendant des semaines, des mois s’il est nécessaire, le poste se montrera indifférent aux faits et gestes de ces dissidents vers qui les occupants du poste ne feront aucune reconnaissance. Fatalement, peu à peu, par curiosité, par l’intermédiaire de trafiquants, des relations se lieront entre le poste et les indigènes. Quelques cadeaux, quelques soins à des blessés ou des malades continueront l’apprivoisement. Un jour des chefs entreront en conversation avec le commandant du poste : ce dernier, à partir de ce moment, pourra agir sur la population réfractaire. Bien entendu, si les chefs ont l’autorité nécessaire pour stabiliser leurs ressortissants dans des villages, pour leur imposer certaines lois élémentaires de la civilisation : le respect de la vie, le respect de la propriété, il faudra se garder de saper leur autorité, de les diminuer aux yeux de leurs subordonnés. L’exigence immédiate de l’impôt, les prestations dont l’indigène ne verrait que la peine, sans compensation, ferait perdre toute influence à des chefs considérés comme responsables, par leur soumission au blanc, des charges nouvelles imposées.

Cette méthode pacifique exigera de la patience, mais elle réussira, alors que l’autre, la méthode de violence n’a connu, dans certaines régions, que des échecs. »

Si nous voulons suivre cette politique indigène, sans laquelle il n’est pas, dans les régions tropicales, de colonisation possible, il faut que la Métropole renonce à son égoïsme financier, à sa conception obtuse de ses rapports avec les colonies.