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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/25

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ment suivis et surveillés. Enfin la seule ligne de retraite possible devait être facilement coupée — et c’est ce qui arriva — les occupants d’Amparihy pouvant, en amont, passer l’Onilahy sur un seuil rocheux, formant un gué toujours praticable.

Dès quatre heures du matin, le 21 novembre, la petite troupe était sur pied, après une nuit pénible de veille ; les armes étaient chargées.

À l’aube, le caporal était envoyé reconnaître le gué de l’Onilahy. À ce moment le partisan très ému, montra du doigt des silhouettes se déplaçant sur le sommet où se trouvait le poste avant sa destruction. Baguet fit placer ses douze fusils en ligne, face au poste, les hommes abrités tant bien que mal par quelques broussailles ayant échappé à l’incendie.

Sur le mamelon, emplacement du poste, les ombres se précisaient de plus en plus nombreuses, s’agitant, se déplaçant, véritable fourmilière. Le jour devenu plus clair permettait enfin de distinguer parmi la foule les uniformes, les galons, les armes des miliciens.

Toujours optimiste en voyant ces quelques miliciens, l’air affairé, paraissant visiter l’emplacement du poste comme s’ils cherchaient quelque chose, Baguet pensa qu’ils faisaient partie de l’escorte accompagnant l’administrateur de Vangaindrano, M. de Juzancourt, dont il attendait l’arrivée. Il renonça à sa première idée, celle de leur adresser une salve, et résolut de parlementer. Janiaud proposa de quitter l’emplacement du bivouac, de remonter la presqu’île où il était facile de couper à la colonne toute retraite. Baguet refusa, ne voulant pas défiler sous les yeux d’ennemis possibles, en étalant la faiblesse de son effectif.