Aller au contenu

Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était accroupi, ne sortaient que les yeux et le bout du nez de l’officier, ainsi que son revolver armé dont le canon émergeait de quelques centimètres ; des touffes d’herbes le dissimulaient.

La fusillade se tut du côté des tirailleurs ; les révoltés reprirent leur poursuite. Arrivés près de l’endroit où était tombé Janiaud, les poursuivants, après l’avoir dépassé, s’étonnèrent de ne le point voir.

Ils voulaient s’arrêter et le rechercher. Le caporal de milice, Kotavy, qui paraissait commander, s’y opposa : « Laissons des sentinelles qui surveilleront cette place, ne lâchons pas les autres, nous les tenons, celui-là nous le prendrons au retour ».

Toute la bande repartit en courant. Bientôt après quelques coups de feu, Janiaud entendit des cris de victoire. Il comprit que son camarade Baguet avait dû succomber.

Après un temps assez long, la bande victorieuse réapparut ; les révoltés joyeux rapportaient des armes, 4 fusils Lebel, des baïonnettes, le revolver de Baguet, sa montre, tout son équipement, ses vêtements et ceux des tirailleurs tués. La bande s’était arrêtée à quelques pas de Janiaud, dont je transcris le récit tel qu’il l’a rédigé lui-même après l’événement :

« Ce n’est pas tout, dit un des caporaux, il faut maintenant découvrir l’autre ». Chacun se mit en chasse. Ils fouillèrent la rivière herbeuse avec leurs sagaies, dont une frôla le corps du lieutenant. Pensant que le blessé avait dû remonter le ruisseau, ils se dirigèrent vers l’amont, et ne cessèrent que vers midi leurs recherches infructueuses. Un instant Janiaud se crut découvert : un indi-