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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/34

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héros, celui de Kotavy surtout, qui avait, tireur adroit, blessé Janiaud, blessé puis tué Baguet. C’est ainsi que Kotavy, dont le rôle fut singulièrement grandi et par les indigènes et par les Français, passa pour un chef, alors qu’il fut simplement, de tous les révoltés, le plus habile à se servir du fusil. Kotavy n’eut jamais un rôle de chef, dans un milieu indigène où l’autorité est toujours précaire ; il n’eut aucun plan d’action concertée. Kotavy tint simplement la brousse comme tant d’indigènes isolés ou en petits groupes, s’établissant là où ils se croyaient à l’abri des investigations du blanc, de ses tournées de police, dressant quelques cases misérables baptisées par les chefs de poste redoutables repaires : ainsi nous trouverons Kotavy dans les repaires de Iabomary et de Papanga.

Kotavy le révolté ne fut pas un insurgé, mais un milicien déserteur, un milicien mutiné, fuyant la punition ; rien de plus.

Cette affaire d’Amparihy fut la véritable cause occasionnelle de la révolte du Sud : la responsabilité de ceux qui provoquèrent la défaite est grave.

Le lieutenant Baguet commit une faute irréparable, inexplicable au point de vue militaire, celle de se laisser enfermer dans la presqu’île formée par le confluent de l’Isandra et de l’Onilahy, de ne pas, ensuite, faire occuper solidement le point d’où partait le gué de l’Onilahy. Il eut le tort ne pas battre en retraite, de ne pas tenter le passage de l’Isandra à l’imitation de ses porteurs, qui, tous, échappèrent aux coups. N’ayant que 420 cartouches à sa disposition, il ne sut pas imposer à ses hommes une discipline du tir.