Aller au contenu

Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

militaire, domestique (boto) d’Alfonsi ; l’autre, un tirailleur betsileo nommé Rainijoano, qui arriva à Ranotsara le 29 novembre dans l’après-midi. Il travaillait au jardin situé au pied du poste au moment de l’attaque. Remontant au poste pour participer à la défense, il se trouva en face des cadavres du sergent Alfonsi, du caporal Ramaso et des tirailleurs du Betsileo.

Un groupe de baras l’entoura, le frappa de violents coups de bâton, pendant qu’il s’enfuyait vers le petit village situé au bas du poste.

Là il tomba : les assaillants le crurent mort et l’abandonnèrent, pressés de prendre part au pillage.

Le tirailleur revint à lui, se traîna jusqu’à un bouquet de cactus, sous lequel il se tint caché tout le jour. La nuit il s’enfuit à travers la brousse, se dissimulant le jour, et après quatre fois vingt-quatre heures, il arriva à Ranotsara, exténué, crachant ses dents brisées par les coups de bâton.

Le boto d’Alfonsi, Imabaza, fut emmené prisonnier par les révoltés. Après deux jours passés avec eux dans la forêt, il réussit à leur échapper et le troisième jour arriva à Soarano.

Befanhoa était, — pour des raisons qui seront exposées dans les chapitres où nous examinerons les causes profondes de la révolte — décidé à saisir la première occasion d’insurrection. Cette occasion lui fut fournie par la nouvelle de la déroute de Baguet. Depuis longtemps, nous le verrons, l’esprit de révolte couvait sous la cendre ; le premier souffle de vent devait faire jaillir des gerbes de feu, déterminer l’incendie : l’assassinat de Vinay avait renforcé la flamme ; la défaite et la mort de Baguet, déchaînèrent, dans le nord de Midongy,