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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/43

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dessein d’atteindre Vangaindrano et d’y massacrer le chef du district.

Vraisemblablement ils apprirent à Manambondrono qu’une garnison importante occupait Vangaindrano et abandonnèrent un projet jugé dangereux. Quelques-uns se dirigèrent vers le sud, pénétrèrent dans le cercle du Fort-Dauphin ; tandis que d’autres se portaient vers la rivière Masianacka au nord-est.

Des gens de Vohimalaza et de Nossi-Vé, agglomérations au nord de Manambondrono, étaient arrivés de Vangaindrano, où ils avaient appris l’augmentation prochaine de l’impôt de capitation, porté de 10 à 15 francs. L’instituteur Ratovo, un howa, s’était efforcé de les calmer, les exhortant à ne pas se soulever, à ne pas devenir des fahavalos. Le gros de la bande qui avait assassiné Choppy, formée des gens de Vohimalaza et de Manambondrono, arriva à Nossi-Vé, conduit par Tsirondahy. Tsirondahy réunit les habitants de Nossi-Vé, leur dit que Vinay, Baguet, Choppy, Janiaud ont été tués, leur montre les trophées, leur affirme que tous les vazahas de Madagascar sont morts, qu’ils doivent s’insurger à leur tour.

Les habitants de Nossi-Vé se laissèrent convaincre.

L’instituteur Ratovo se sentit alors dans une atmosphère d’hostilité. Ses conseils de modération l’avaient rendu suspect. D’une race howa qui avait souvent opprimé les habitants du sud, il représentait à leurs yeux l’ennemi héréditaire : Ratovo décida de s’enfuir avec sa femme et son enfant. Il prit une pirogue et se dirigea aussi rapidement qu’il put vers Foromia. Le gouverneur indigène du district, Karama, craignant sans doute pour lui--