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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/46

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détestaient ; il n’obéissait pas aux ordres de M. Hartmann, comptant que ses supérieurs militaires ne tiendraient pas compte des plaintes d’un civil.

Le 22 novembre, Hartmann partit de Ranomafana, emportant des cartouches ; il arriva à Manantenina et n’y trouva que trois tirailleurs. Le sergent Malespina, avec cinq de ses soldats, avait abandonné son poste, fui vers Fort-Dauphin, dès qu’il avait connu les événements survenus à Amparihy.

Hartmann, pendant quatre jours — du 22 au 26 novembre —, n’ayant avec lui que trois tirailleurs, sentant la population indigène en pleine effervescence, se dépensa en conversations avec les chefs, en travaux de mise en défense, maintenant autour de lui, par son ascendant, sa connaissance du milieu, une tranquillité de fait. Le 26 novembre arriva un détachement de 29 tirailleurs, sous les ordres du lieutenant Barbassat, envoyé de Behara, distant de plus de 100 kilomètres. L’officier ne connaissait pas la région et Hartmann resta auprès de lui pour le renseigner. Le 30, apprenant l’approche des rebelles venus d’Amparihy, dont la troupe s’était grossie de milliers d’indigènes entraînés au passage, Barbassat et Hartmann se portèrent à leur rencontre. Le choc se produisit dans le voisinage immédiat de Manantenina. Le combat dura pendant trois heures et demie. Dès le début de l’engagement Hartmann fut tué par une balle reçue en pleine poitrine.

Par une aventure singulière, Hartmann fut l’unique victime ; il n’y eut aucun tué, aucun blessé dans l’un et l’autre camp. Cette exceptionnelle bénignité d’un combat de trois heures et