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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/47

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demie doit s’expliquer par une entente des deux troupes adversaires. Il aurait été convenu (et la convention fut respectée) que les insurgés ne tireraient que sur les blancs (Hartmann et Barbassat), que les tirailleurs enverraient leurs coups trop haut.

Après trois heures et demie de fusillade, la troupe Barbassat, emportant le cadavre de Hartmann, battit en retraite, se renferma dans Manantenina où elle fut assiégée jusqu’au jour où une colonne de secours la débloqua.

Le surlendemain 2 décembre, la révolte éclatait à Ranomafana. Le poste absolument indéfendable, n’ayant ni parapet, ni palissade, était occupé par six tirailleurs. Hartmann était absent depuis huit jours, il avait laissé au poste une compagne, avec laquelle il s’était fiancé, Mlle B… Cette jeune fille représentait à elle seule l’autorité et l’élément européen. Elle ne pouvait compter sur les six soldats indigènes, nés dans le pays et très décidés à ne jamais tirer sur leurs compatriotes.

Mlle B… était dans sa chambre, quand le 2 décembre à 13 h. 30, elle aperçut l’interprète du poste, un howa, qui traversait la place devant le poste et fuyait en criant : « Aux armes ! » Mlle B…, connaissait la mort de M. Hartmann et pensant voir arriver ses assassins, saisit une carabine et sortit du poste. Elle se trouva au milieu d’une foule composée par les indigènes des villages du groupe de Ranomafana. Ces hommes, gesticulant, lui criaient : « Le résident est mort, nous ne voulons plus de l’autorité des Français, va-t-en, sauve-toi, laisse-nous prendre les fusils du poste ; si tu refuses, si tu restes ici, nous allons te tuer ».

Voyant que Mlle B… persistait dans sa résolu-