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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/8

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L’exploitation de nos possessions coloniales est impossible sans le concours des indigènes : les colonies seront bonnes ou mauvaises, prospères ou misérables, suivant que nous aurons su ou non nous attacher les naturels. Et c’est parce que dans presque toutes nos colonies cet apprivoisement de l’indigène n’a pas été intelligemment entrepris, parce que la manière dite forte a été brutalement employée, que la mise en valeur des territoires d’outre-mer a été retardée.

Les brutalités exercées sur les naturels m’indignent comme un manquement à la justice et aux principes de la civilisation ; elles m’indignent, non moins, comme contraires à nos intérêts matériels, comme une stupide maladresse au point de vue purement utilitaire.

Parce que j’aurai mis au jour le rôle néfaste de certains chefs militaires, leur despotisme exercé sur les indigènes, parce que sont révélés les agissements coupables de quelques officiers ou sous-officiers à Madagascar, je m’attends à être taxé d’anti-militarisme. Il suffira au lecteur, pour juger mes intentions, de constater que je rends hommage à ceux, nombreux, ayant montré que le courage et la discipline militaires sont compatibles avec le souci de la justice et de l’humanité.

Je m’attends encore à un autre reproche. Les événements survenus en 1904 à Madagascar se sont déroulés alors que le général Gallieni était gouverneur général. Ne vais-je pas attenter à la gloire coloniale de Gallieni ?

Si j’avais trouvé, dans les actes incriminés, la responsabilité de Gallieni, je ne l’aurais pas dissimulée, soucieux uniquement et constamment de la vérité ; mais l’étude des faits m’a imposé la con-