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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/9

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viction que Gallieni a ignoré les agissements de ses subordonnés, agissements qu’il eût certainement blâmés et fait cesser, s’il les eut connus.

À quoi bon, dira-t-on, rappeler des actes commis à Madagascar, il y a si longtemps ? Ne sont-ce pas là des faits isolés, spéciaux à une région de la Grande Île ? En quoi cela intéresse-t-il notre politique coloniale générale ?

Ce qui s’est passé à Madagascar s’est passé ailleurs. Mon expérience personnelle ne porte pas seulement sur Madagascar, mais plus récemment sur l’Afrique équatoriale. Je ne suis pas convaincu que quelques fonctionnaires coloniaux soient, en ce moment encore, bien persuadés que la justice et l’humanité à l’égard des indigènes constituent les plus habiles moyens de colonisation, qu’ils ne tiennent encore pour la manière forte. Il n’est pas inutile de les rappeler à la pratique d’une saine autorité.

J’ai succédé au général Gallieni et suis arrivé à Madagascar le 14 décembre 1905. De 1895 à 1905, pendant les dix premières années de notre occupation, il ne s’était jamais écoulé six mois, sans que des troubles aient, sur un point quelconque de la Grande Île, mis en branle une colonne de répression.

Du jour de mon arrivée à Madagascar, jusqu’aujourd’hui, il n’a plus été tiré un seul coup de fusil.

Je n’ai pas l’insoutenable prétention d’avoir, par un coup de baguette magique, modifié l’âme indigène ; j’ai simplement changé les procédés d’administration. Je me suis efforcé d’imposer à tous des pratiques de justice. J’ai décidé que tout chef de poste, dans le ressort duquel éclateraient des troubles, serait immédiatement relevé de son com-