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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/91

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Quinque avait plus exaspéré que calmé les insurgés. Elle leur avait amené des recrues.

Le capitaine était rentré à Midongy, se targuant d’un important succès militaire.

Dans une lettre du 10 décembre, il écrivait : « C’est déjà très beau d’avoir obtenu un succès sans plus de casse… » Un succès militaire ? Oui et non. Oui, selon la conception tactique des Européens ; non, selon celle qu’il faut appliquer aux expéditions coloniales.

Dans un engagement aux colonies, européens et indigènes ne poursuivent pas le même but, n’ont pas la même conception tactique. Succès est un mot, dont le sens militaire n’est pas le même pour les uns et pour les autres.

L’Européen se dit vainqueur s’il reste maître de la position qu’il détenait au moment de l’engagement, ou de celle occupée par l’ennemi.

Une position militaire, pour l’Européen, c’est un mamelon facile à défendre, un point qui commande des routes, un passage de rivière, etc. Une position a une importance tactique dans la guerre savante, parce qu’elle intéresse les deux parties en lutte, parce que sa conquête entraîne comme conséquences la prise de possession de routes, de fleuves, de voies ferrées, de forteresses, etc…

Dans les guerres coloniales, l’adversaire, assaillant ou défendant, n’a cure de la position ; il cherche à tuer et à piller. S’il se heurte à plus fort que lui, il rompt le combat sans s’inquiéter de la position dont l’Européen reste maître.

Il peut arriver — et il est arrivé — que l’Européen demeuré sur sa position, ou ayant conquis celle de l’adversaire, donc vainqueur au point de vue militaire européen, se trouve cependant, en