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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/92

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raison des pertes subies (seul résultat cherché par l’assaillant) le vaincu, au regard de l’indigène.

Dans les engagements de la colonne Quinque, il y avait eu un mort dans chaque partie, — piètre victoire des Européens.

Sans valeur au point de vue militaire, les marches et fusillades du capitaine Quinque retardèrent, plus qu’elles ne les facilitèrent, la pacification et le rétablissement de l’ordre. Effrayés par la violence aveugle de la répression, frappant sans jugement innocents et coupables, les villages fuyaient à l’approche des Français : l’exode vers la forêt devint général. La région d’Iakotika, les abords de Midongy se vidèrent de leurs habitants, transformés souvent en fahavalos malgré eux. Plus il y avait de coups de fusils tirés, plus les hôtes de la forêt devenaient nombreux. Or tout indigène de la forêt devient fatalement un brigand ; il lui faut manger, et rien de comestible n’existe dans la forêt que quelques racines, médiocre nourriture. S’il est établi depuis quelques mois dans une clairière, il y tente quelques cultures : survient une reconnaissance : il fuit plus loin ; la reconnaissance détruit ses cultures, lui prend ses bœufs, s’il en a, ou vient cueillir le riz à maturité ; ainsi que se le proposait le capitaine Quinque chez les Ambilionis.

Affamé, cherchant à ne pas mourir de faim, voulant rapporter aux siens leur pâture, le fahavalo sort de son repaire : il est bien obligé de piller les greniers à riz ou les parcs à bœufs. La chasse de l’indigène à coups de fusils, la destruction des cultures n’ont jamais pacifié une région ; elles ont pu amener des soumissions, imposées par la famine et la terreur, mais il reste dans toutes