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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/93

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ces âmes primitives une rancune, une haine sans fond, qui éclatent quelque jour, au grand émoi des imprévoyants, des politiques sommaires qui les ont semées et enracinées.

Dans des régions aussi peu peuplées que Madagascar, où une forêt immense est l’asile tout proche, poursuivre des révoltés à coups de fusil est une œuvre vaine ; le feu les fait s’égailler ; la poursuite, pour être efficace, nécessiterait plus de soldats que d’habitants.

Malgré les distances, les renseignements se transmettent et se propagent avec une étonnante rapidité. Dans les profondeurs de la forêt, les réfractaires connaissent tous les mouvements de l’adversaire. Après une rencontre, tous s’évanouissent, niais le lendemain des troubles éclatent sur un autre point, et c’est une course sans fin à la poursuite d’insaisissables ennemis.

Ainsi, pendant que le capitaine Quinque recherchait et poursuivait Bafanhoa, dans la région d’Iakotika, Vatanata, au sud-est de Midongy, était violemment attaqué. On se souvient que le capitaine Quinque, en remontant de Vangaindrano sur Midongy, avait laissé à Vatanata le soldat Méric, secondé par le soldat Espinasse et vingt-deux miliciens.

Les gens de la vallée de la Masianaka et de la Manambondro, dès qu’ils virent disparaître la colonne de cent fusils conduite par le capitaine, résolurent l’attaque du poste de Vatanata, renseignés sur la faiblesse relative de sa garnison. Le 2 décembre au matin, ils exécutèrent leurs projets. La garnison était sur ses gardes, l’attaque de vive force échoua. À cette heure le capitaine Quinque,