Aller au contenu

Page:Augier - Théatre complet, tome 7.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jean, amèrement.

Bah ! un peu de honte est bientôt bue, je t’assure. Tu n’en as jamais goûté ? Cela ressemble beaucoup au genièvre : la première gorgée est très désagréable, mais on s’y fait, et on finit par s’en griser comme d’un vin généreux. — Or donc, Roblot me faisait l’honneur de m’offrir une association ; c’était bien tentant, comme tu vois. — Par malheur, le papa Jonquières s’est mis encore une fois en travers : il m’a déclaré que, si je ne partais pas avec lui tout est rompu, mon gendre ; et l’opération matrimoniale étant de beaucoup supérieure à l’autre, tu comprends que j’ai dû me rendre aux injonctions de mon bailleur de dot.

Chateauvieux.

Quelle manie as-tu, mon pauvre Jean, de te calomnier toi-même ?

Jean, éclatant de rire.

Me calomnier ! Mes actions ne sont-elles pas en parfait accord avec mon langage ?

Chateauvieux.

Non, et c’est pourquoi je reste ton ami. Tu vaux mieux que tes paroles.

Jean.

Ni plus ni moins, je te jure !

Chateauvieux.

Alors pourquoi voulais-tu t’engager avec nous après Wissembourg ?

Jean.

Parbleu ! j’ai été soldat, j’aime l’odeur de la poudre.