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Page:Augier - Théatre complet, tome 7.djvu/147

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Chateauvieux.

Dis donc la vérité sans fausse honte : tu aimes ta patrie.

Jean, froidement.

Mon cher, la patrie est un grand mot que je croyais comprendre autrefois et que je ne comprends absolument plus. Le patriotisme me paraît la plus haute facétie qu’aient inventée les hommes. C’est te total d’un tas de billevesées dont j’ai appris le néant à votre école, mes bons amis.

Chateauvieux.

As-tu donc pris au sérieux le scepticisme que nous avions sur tes lèvres ?

Jean.

Sur les lèvres ? Vous croyez donc à la famille, vous autres ? à l’amour ? au désintéressement ? au sacrifice ?

Chateauvieux.

Oui, nous y croyons, et la preuve, c’est que nous croyons à la patrie et que nous nous dévouons pour elle. Depuis nos désastres, as-tu entendu d’un seul de nous une raillerie contre les grandes vertus ?

Jean.

Si votre scepticisme n’était que sur vos lèvres, il fallait m’avertir. Il est trop tard maintenant, c’est fait. N’en parlons plus.

Chateauvieux.

Mais, malheureux, souviens-toi de ta devise !

Jean.

Qu’est-ce qu’elle dit, ma devise ?