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Page:Augier - Théatre complet, tome 7.djvu/59

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cequ’il est ? — Il est passionné. » — Franchement, cela ne suffit pas.

Jean, se levant.

Je serais fort ridicule, en effet, si mon dessein était de ne rien faire.

Hortense.

Et quelle profession prendrez-vous qui vous donne tout de suite un état dans notre monde ? La profession de la gloire ? Si vous aspirez à une célébrité quelconque, dites-le, et je vous permets de rester pauvre ; sinon, non.

Jean.

J’aspire à vivre honnêtement d’un travail honnête.

Hortense.

Quel travail vous donnera chevaux et voitures ? Prétendez-vous me suivre à pied dans le tourbillon qui m’emporte ? Croyez-vous que ma vanité de femme y trouverait son compte ?

Jean.

C’est par vanité que vous voulez faire de moi un agioteur ?

Hortense.

Agioteur ! Il a des mots du siècle dernier ! Quelle drôle d’époque que cette Bretagne ! — Supposez-vous que M. de Montlouis et tant d’autres gentilshommes soient cotés agioteurs ? Au lieu de faire valoir leurs terres, ils font valoir leurs capitaux, et personne ne songe à demander leur profession. Ils n’en ont pas d’autre que de mener grand train. C’en est une et non des moins utiles peut-être ; ils sont les metteurs en circulation. Faites