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Page:Augier - Théatre complet, tome 7.djvu/73

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Boislangeais.

Tant pis. Tu m’intéresses vivement, Chateauvieux, continue ; je suis suspendu à tes lèvres.

Chateauvieux.

Merci bien ! Voilà qui me ferme la bouche.

Jean.

Bravo, Chateauvieux ! bien répliqué.

Chateauvieux.

Je passe parole à Thommeray.

Boislangeais, retournant sa chaise vers Jean.

J’accepte cette commutation de peine.

Jean.

La belle allait son chemin avec un superbe dédain des rieurs, quand un de ces polissons lui tendant sa casquette d’une main et lui montrant de l’autre un passant chauve qui s’épongeait : « Un peu de cheveux, s’il vous plaît, pour un pauvre père de famille qui n’en a pas ! » Là-dessus éclat de rire général qui dégénère bientôt en huées… La demoiselle s’arrête, rouge comme une pivoine ; elle enlève son peigne, et on voit ruisseler jusqu’à ses talons un fleuve de soie et d’or.

Champin.

Bravo, la déesse !

Chateauvieux.

La foule applaudit, la petite dame double le pas pour échapper à son triomphe ; Thommeray se précipite, et lui offrant le bras avec son plus grand air d’Amadis : « Ma voiture est à deux pas, madame, permettez-moi de la mettre à vos ordres. »