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Page:Augier - Théatre complet, tome 7.djvu/82

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J’ai toujours vécu dans un cloître, l’armée ou la famille. Aussi, je suis plein de tentations inassouvies, de curiosités lancinantes. Le fruit défendu ne me suffit déjà plus…

Roblot.

Il vous le faut confit ?

Jean.

Oui. Tenez, la rencontre de cette belle jeune fille, l’autre jour, a fait une révolution en moi. Quand elle a tordu ses cheveux dans ma voiture, pour les rattacher sur sa tête, elle en a exprimé un parfum qui m’a donné le vertige. Ah ! ces femmes-là ont un philtre ! Elles versent une ivresse inconnue !… C’est le haschisch de l’amour !

Roblot.

Il est certain qu’elles sont fort agréables. Mais depuis quand le mariage est-il incompatible avec une honnête licence ? Vous ne tenez pas à vous afficher, je suppose ?

Jean.

À m’afficher, non ; à ne pas me gêner, oui ! Vivent les amours faciles ! Au diable le mystère, les scènes dramatiques, les femmes qui pleurent ! J’en ai par-dessus la tête !

Roblot.

C’est bien dangereux, mon cher, les femmes qui pleurent ! Ça ennuie, ça agace, mais ça flatte, et on s’y attache plus qu’on ne croit. Méfiez-vous !

Jean.

Ce n’est pas pour moi que je parle… Je n’ai pas de liaison.