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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome II.djvu/174

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une suffisante satisfaction de ses désirs. Maintenant que nous trouvons en vous un plus grand crédit mêlé à la même bienveillance, nous espérons, avec l’aide de Dieu, que vous obtiendrez aisément ce qui est dans nos vœux. Si vous demandiez cela pour vous-même avec l’intention d’en faire ensuite donation à l’Église de Cataigue, qui vous en blâmerait ? ou plutôt qui ne louerait vos démarches, inspirées non point par une cupidité terrestre, mais par le désir de servir de pieux intérêts chrétiens ? Seigneur, mon fils, que la miséricorde, de Dieu vous maintienne de plus en plus heureux dans le Christ ! 

LETTRE XCVII.


(Octobre 408.)

C’est au même Olympe que la lettre suivante est adressée ; saint Augustin lui demande instamment d’obtenir un acte public qui fasse connaître à toute l’Afrique que les lois pour briser les idoles et pour ramener les hérétiques ont été établies de la volonté expresse de l’empereur, L’évêque d’Hippone s’afflige et s’inquiète des violences des donatistes. Plusieurs de ses collègues africains ont passé la mer pour aller sollicites la protection impériale.

AUGUSTIN A SON ILLUSTRE ET EXCELLENT SEIGNEUR OLYMPE, SON TRÈS-HONORÉ FILS DANS LA CHARITÉ DU CHRIST, SALUT DANS LE SEIGNEUR.

1. Au premier bruit de votre élévation méritée, sans en avoir encore la confirmation, nous n’avions rien pressenti de vos bonnes dispositions pour l’Église, dont nous nous réjouissons de vous voir vraiment le fils, qui ne se trouve exprimé dans votre lettre ; pourtant, après avoir lu cette lettre où vous daignez demander à notre humilité, avec un empressement obligeant et comme s’il y ’avait de notre part lenteur et hésitation, de quelle manière le Seigneur, qui vous a fait ce que vous êtes, pourrait, au moyen de votre religieuse obéissance, aider aujourd’hui son Église, nous vous écrivons avec une plus grande confiance, illustre et excellent seigneur, et très-honoré fils dans la charité du Christ.

2. A la suite d’un grand trouble dans l’Église, plusieurs de mes saints frères et collègues sont partis, presque comme des fugitifs, pour se rendre à la très-glorieuse cour ; vous les aurez déjà vus, ou bien vous aurez reçu d’eux, par quelque occasion favorable, des lettres de Rome. Bien que je n’aie pu arrêter avec eux aucune détermination, j’ai voulu profiter du départ d’un de mes frères et collègues dans le sacerdoce, qui, au milieu même de l’hiver, est obligé d’entreprendre ce voyage pour sauver la vie d’un concitoyen ; je salue doué la charité que vous avez dans Jésus-Christ Notre-Seigneur, et je l’invite à redoubler de soins, pour hâter votre bonne œuvre, et pour apprendre aux ennemis de l’Église que les lois publiées en Afrique, du vivant de Stilicon, pour briser les idoles et ramener les hérétiques, ont été établies de la volonté du très-pieux et très-fidèle empereur ; ils répètent faussement, ou bien ils croient volontiers que cela s’est fait à l’insu de l’empereur ou malgré lui, et c’est ainsi qu’ils passionnent les Ignorants et qu’ils les déchaînent violemment et dangereusement contre nous.

3. Ce que je demande ici à Votre Excellence vous serait demandé, je n’en doute pas, par tous mes collègue de l’Afrique ; je crois qu’à la première occasion on peut et on doit se hâter, pour rappeler, comme je l’ai dit, à ces hommes vains, dont nous cherchons le salut, quoiqu’ils soient nos ennemis, que les lois publiées pour l’Église du Christ l’ont été bien plus par les soins du fils de Théodose que par les soins de Stilicon. Aussi le prêtre, porteur de cette lettre, étant du pays de Milève, son évêque, mon vénérable frère Sévère, qui salue beaucoup avec moi votre très-sincère charité, lui a ordonné de passer par Hippone, où je suis ; Sévère et moi, préoccupés des tribulations de l’Église, nous cherchions une occasion d’écrire à Votre Excellence, et nous n’en trouvions pas. Déjà, il est vrai, je vous ai envoyé une lettre sur l’affaire de mon saint frère et collègue Boniface, évêque de Cataigue ; mais nous ne connaissions pas encore les maux plus considérables dont nous sommes maintenant si agités ; les évêques qui ont passé la mer s’entendront plus facilement avec la grande bonté de votre cour, pour prendre les mesures les plus chrétiennes et les plus propres à réprimer ou à réparer ces désordres ; car ils peuvent vous proposer un expédient sur lequel on a délibéré en commun avec la plus grande application, autant du moins qu’il a été possible en si peu de temps. Mais il importe que la province apprenne sans retard les sentiments du très-clément et très-religieux empereur envers l’Église, et que vous n’attendiez pas pour cela d’avoir vu les évêques qui sont partis ; il est nécessaire que cela se fasse aussitôt que le