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Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/122

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leur repas[1]. Il leur répondit : Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu pour votre tradition ? Car Dieu a dit : « Honore ton père et ta mère ; » et : « Quiconque maudira son père ou sa mère, qu’il soit puni de mort[2]. » Mais vous, vous dites : Quiconque dit à son père ou à sa mère[3] : « Toute offrande que je fais à Dieu vous profite ! » il n’est pas besoin qu’il honore autrement son père ou sa mère[4], — anéantissant ainsi le commandement de Dieu pour votre tradition. Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous quand il a dit : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. Vain est le culte qu’ils me rendent, enseignant des maximes et des ordonnances humaines[5]. »

10 Puis, ayant fait approcher la foule, il leur dit : Écoutez et comprenez. Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la

  1. Les Juifs avaient, et encore aujourd’hui ont coutume de se mouiller le bout des doigts avant et après le repas, et cela avec certains gestes déterminés par leurs docteurs : ainsi, ils ne devaient jamais aller au-delà du poignet, si ce n’est dans les repas des sacrifices. Sans cette formalité, tout aliment devenait impur, et souillait celui qui l’avait pris, bien plus, le rendait semblable à un adultère ; et celui qui ne se lavait pas les mains après le repas, était aussi coupable qu’un meurtrier. Celui, au contraire, qui observait avec soin ces prescriptions, pouvait se regarder comme assuré du salut éternel. Que l’on se représente ce cérémonial absurde, imposé par les maîtres de la religion à tout un peuple qui s’y façonnait dès l’enfance, et l’on comprendra jusqu’à quel point les Juifs contemporains de Notre-Seigneur, enchaînés dans un formalisme vide et étroit, étaient inaccessibles à toute idée morale un peu élevée. Sepp.
  2. Exode, xx, 12 ; xxi, 17.
  3. Dans le besoin et implorant son secours.
  4. Et les secoure autrement que par cette offrande faite à Dieu. — Il est probable que les Pharisiens persuadaient aux enfants de déposer de riches offrandes dans le trésor du temple, qui était sous leur garde, au détriment de l’assistance de leurs parents, alors même que ceux-ci étaient dans le besoin.
  5. Chap. xxix, 13.