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Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/154

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serviteurs, s’étant répandus par les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, bons et mauvais ; et la salle des noces fut remplie de convives. Or le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et ayant aperçu un homme qui n’était point revêtu de la robe nuptiale[1], il lui dit : Mon ami, comment êtes-vous entré ici sans avoir la robe nuptiale ? Et cet homme resta muet. Alors le roi dit à ses serviteurs : Liez-lui les mains et les pieds, et jetez-le dans les ténèbres extérieures : là seront les pleurs et le grincement des dents[2]. Car il y en a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus[3].

Alors les Pharisiens s’étant retirés, se concertèrent pour surprendre Jésus dans ses paroles. Et ils lui envoyèrent quelques-uns de leurs disciples, avec des Hérodiens[4], lui dire : Maître, nous savons que

  1. Les rois d’Orient ont coutume d’envoyer à ceux qu’ils veulent honorer ou qu’ils invitent à leur table des habits précieux, avec lesquels ceux-ci doivent paraître en leur présence.
  2. En Orient, les festins se donnent pendant la nuit ; le convive expulsé de la salle, qui est bien éclairée, ne trouve dehors que les ténèbres, où il grince des dents de chagrin et de rage. — Sens de la parabole : Le roi, c’est Dieu, le fils est J.-C ; les noces sont l’Église chrétienne ; les invités, les Juifs ; les serviteurs, les Prophètes et J.-B. ; les armées, les soldats romains commandés par Titus ; la robe nuptiale, la justice ou l’état de grâce, robe d’innocence que Dieu nous donne au baptême, et qu’il nous faut conserver par la pratique des bonnes œuvres.
  3. Tous sont appelés ; mais, relativement à l’humanité entière, il y en a peu qui arrivent à la béatitude éternelle. — Selon d’autres interprètes, cette sentence veut dire seulement dans la bouche du roi, comme plus haut (xx, 16) dans celle du père de famille, que peu d’hommes reçoivent une grâce spéciale qui leur permette de se conduire avec plus de familiarité que les autres dans les choses divines, et de compter sur une surabondance de miséricorde à leur égard. C’est la tentation d’un certain nombre qui, étant appelés au hasard sur le chemin pour remplacer d’autres invités, se persuadent qu’ils sont des élus de faveur, et qui négligent d’assurer leur salut par une exacte fidélité. Lacordaire.
  4. Partisans d’Hérode Antipas, et par conséquent des Romains, aux-