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Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/398

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ments, avoue, dans la préface de sa troisième édition, qu’il n’est plus éloigné d’en faire aussi le sacrifice[1]. »

L’évangile de saint Jean, en effet, est un livre d’un caractère tout à fait original. On ne voit personne avant lui qui ait pu lui servir de modèle, et parmi ses disciples aucun n’approche de sa vigueur et de sa touche. Il a au suprême degré ce qui contribue le plus à la perfection de l’art, et distingue en général la littérature biblique, la vie et le mouvement, la variété dans l’unité, de grands effets produits par les moyens les plus simples. Il lui suffit de quelques idées qu’il oppose l’une à l’autre, la vie et la mort, la lumière et les ténèbres, Jésus-Christ et le monde ; avec ce peu de mots, il produit des effets admirables. De même, parmi les innombrables particules dont les Grecs se servent pour nuancer la pensée et en indiquer la marche et les détours, il n’en connaît qu’un petit nombre, or, donc, et ; mais comme chez lui l’expression jaillit immédiatement de la pensée, et se déverse dans le discours telle qu’elle vient de naître dans l’esprit, quelquefois même sans se plier aux lois de la grammaire[2], il est toujours vif, limpide, intéressant, jamais traînant ou monotone. Aussi, à côté d’une exposition sublime et transcendante, qui a fait l’admiration de tous les siècles, vous trouvez une grâce enfantine et naïve, qui exclut tout apprêt, tout effort, et montre un auteur

  1. Wallon, de la Croyance, etc. p. 188. Voici les propres paroles de Strauss ; après avoir parlé des arguments de de Wette et de Néandre en faveur du quatrième Évangile, il dit : « Cette étude a ébranlé dans mon esprit la valeur des doutes que j’avais conçus contre l’authenticité de cet Évangile et la créance qu’il mérite… Ce n’est pas crue je sois convaincu que le quatrième Évangile est authentique ; mais je ne suis plus aussi convaincu qu’il ne l’est pas. »
  2. C’est une remarque d’Origène.